Il y a 5 ans, suite à des chocs émotionnels (drame ayant touché mon enfant, puis perte successive de plusieurs membres de ma famille) fatigue, j'ai fait une dépression, qui s'est traduit par une panique un jour que j'étais seule en voiture. Je me suis retrouvé alors face à une phobie d'aller seule quelque part, sans la présence d'autre adultes. Moi qui était indépendante, active et assez insouciante, me voilà coincée chez moi, à la campagne, à être dépendante de mon mari, ou d'autres pour effectuer le moindre déplacement en voiture.
Face à ce vide, à cet ennui, cet isolement, je me suis retrouvée un jour à jouer aux jeux d'argents sur internet (casinos). Pour me procurer une excitation, cette adrénaline qui me manquait dans ma vie présente. Comme beaucoup j'ai tout d'abord gagné, puis j'ai tout perdu, et perdu etc... et je me suis laissée prendre à cette spirale. Moi qui était honnête et détestait le moindre mensonge, je me suis mise à mentir à mon mari, à emprunter, à trouver des combines pour camoufler mes pertes. J'ai dû un jour avouer la situation à mon mari et lui ai promis d'arrêter, promesse que je n'ai pas tenu. Cadre dans la fonction publique j'étais responsable d'une petite régie recette, grave tentation ! J'ai emprunté pour jouer puis remis dans la caisse. Un jour, il y devait y avoir un contrôle de comptable, j'ai fuit et j'ai été sauvée de cette situation par les qualités extrêmement humaine de mon supérieur à qui j'ai raconté mon problème et m'a couvert en me faisant promettre de ne plus recommencer. J'ai promis sincèrement mais je n'ai pas réussi à tenir ma promesse.
L'année dernière, après une ultime situation périlleuse pour laquelle mon mari m'a encore renfloué in-extrémis, nous avons convenu que mon salaire serait viré sur un compte commun qu'il gèrerait. Plus d'argent, plus de CB, je ne pourrais plus jouer sans que mon mari ne le sache aussitôt. Je prévoyais ainsi que nous pourrions enfin économiser et réaliser des projets. Mais l'addiction était plus forte que moi. J'ai emprunté à nouveau dans la caisse. Et là, catastrophe, j'ai été contrôlée avec impossibilité de me défiler. Je n'avais plus le même supérieur. Honteuse, humiliée, j'ai fuit avec la seule issue à mes yeux : mourir. Mais j'ai 3 enfants, et la pensée qu'ils puissent souffrir et avoir besoin de moi m'a forcé à lutter contre cette lâcheté. J'ai dû affronter la situation. J'ai avoué à mes supérieurs la situation et je suis venue restituer le lendemain l'argent. Bien que m'ayant affirmé qu'ils ne me jugeaient pas ils m'ont demandé de récupérer mes affaires personnelles. Depuis, je suis en arrêt de travail. L'autorité hiérarchique compétente m'a demandé de voir la médecine du travail, qui m'a simplement donné le téléphone d'un addictologue. Ils m'ont indiqué je je pouvais reprendre mon travail "si ça ne gênait pas la bonne marche du service" mais que je devait impérativement demander ma mutation. Mon supérieur directe m'a dissuadé de reprendre mon poste, car il n'avait plus confiance en moi. Depuis, plus aucune nouvelle d'aucun de mes anciens collègues, personne ! J'ai l'impression d'être devenue une moins que rien, une pestiférée. Ma réputation est perdue. Je ne sais pas ce que je vais devenir professionnellement car je n'ai plus le cœur à reprendre mon activité, même ailleurs. Et puis ce sera compliqué car ce sera loin, et je n'arrive toujours pas à être autonome pour mes déplacements. Mais de ce genre de problème ils ne tiennent pas compte.
Voilà à quoi m'a conduit mon addiction.